Les anévrismes des artères viscérales sont rares. Il s’agit d’anévrismes intéressant les artères rénales ou les artères vascularisant les organes digestifs (tronc cœliaque, artère mésentérique supérieure et leurs branches). Ils peuvent être d’origine athéromateuse, favorisés par les facteurs de risques cardiovasculaires (âge, tabac, hypertension, hypercholestérolémie, diabète). Ils peuvent aussi être liés à une dysplasie, c’est-à-dire une fragilité constitutionnelle de la paroi artérielle d’origine génétique. Les autres causes sont les dissections (déchirures traumatiques ou spontanées de la paroi artérielle), certaines maladies inflammatoires touchant les artères (artérites) et certaines infections bactériennes. Enfin, une compression chronique tronc cœliaque par le ligament arqué du diaphragme peut perturber les flux sanguins au niveau du tronc coeliaque et de ses branches et aboutir à la formation d’anévrismes. Le risque principal des anévrismes des artères viscérales est l’hémorragie intra-abdominale par rupture. L’indication d’un traitement chirurgical est donc retenue lorsque le risque de rupture est jugé important sur le moyen terme, du moins supérieur au risque de complications pouvant survenir pendant la chirurgie. Certains facteurs de risque de rupture ont été identifiés, tels que l’existence de symptômes douloureux et la taille de l’anévrisme. On retient généralement une indication de traitement chirurgical pour les anévrismes douloureux ou les anévrismes dont le diamètre dépasse les 20 mm. Il semblerait que certaines modifications hormonales telles que la grossesse puissent favoriser la rupture. La découverte d’un anévrisme d’une artère viscérale chez une femme en âge de procréer est un argument supplémentaire pour réaliser une intervention.
QUELS EXAMENS ? QUELLES EXPLORATIONS ?
Le dépistage peut être réalisé par échographie Doppler mais cet examen ne permet pas de suffisamment explorer l’ensemble du lit artériel viscéral en raison de la profondeur des artères. Il devra obligatoirement être complété par un angioscanner, une angio-IRM ou une artériographie. D’autres examens peuvent être demandés par l’anesthésiste en vue d’une intervention chirurgicale.
QUEL TRAITEMENT ? QUELLE PRISE EN CHARGE ?
Le traitement chirurgical peut être endovasculaire ou à ciel ouvert. Le traitement endovasculaire a l’avantage d’être mini-invasif, c’est-à-dire de ne pas nécessiter d’incision et de permettre une hospitalisation plus courte. Il peut généralement être effectué sous anesthésie locale. Il peut consister à occlure (on parle d’embolisation) la poche anévrismale à la l’aide de coils métalliques ou à l’exclure à l’aide d’un stent couvert ( Figure). Une association des deux techniques est parfois nécessaire. Les stents couverts permettent de préserver le flux dans le tronc de l’artère anévrismale et donc de préserver la viabilité de l’organe vascularisé par cette artère (rein, rate..). Ils nécessitent une surveillance régulière par imagerie car ils peuvent s’occlure ou être source de fuites réexposant l’anévrisme à la rupture. L’embolisation peut être synonyme de sacrifice de l’organe ou d’une partie de l’organe. Les techniques de chirurgie à ciel ouvert permettent de supprimer l’anévrisme tout en préservant de façon durable le flux sanguin dans l’artère pathologique. Différentes techniques sont disponibles. Il peut s’agir d’une « résection-anastomose » de l’anévrisme ou d’une résection avec pontage, utilisant un fragment de veine superficielle de membre inférieur comme conduit.
QUELLLE SURVEILLANCE ?
En cas d’intervention, le patient est revu à un mois pour vérifier l’efficacité du traitement et l’absence de complication.
En cas de surveillance sans intervention, un examen d’imagerie sera réalisé tous les 6 mois afin de suivre l’évolution du diamètre de l’anévrysme et les symptômes du patient. La surveillance peut-être rapprochée en cas de grossesse.