L’artère poplité est située derrière le genou, elle fait suite à l’artère fémorale superficielle et vascularise la jambe et le pied. Son diamètre est d’environ 10mm (variable selon la taille et le poids du patient). Un anévrysme se définit comme une augmentation d’au moins 50 % du diamètre artériel normal, en pratique clinique, on parle d’anévrysme de l’artère poplitée (AAP) quand le diamètre de l’artère poplitée dépasse 15mm ou mesure 1,5 fois l’artère d’amont.
Figure 1: Disposition anatomique des AAP d’après [1]. 1. Hiatus tendineux des adducteurs ; 2. artère poplitée ; 3. arcade tendineuse de muscle soléaire. A. anévrysme de l’artère poplitée sus-articulaire. B. anévrysme juxta-articulaire. C. anévrysme étendu à l’artère poplitée sous-articulaire.
Les AAP sont une pathologie rare, avec une prévalence de 1% chez les hommes entre 65 et 80 ans. Il s’agit d’une pathologie intéressant presque exclusivement les hommes qui (97 % des cas).
Ils sont, dans environ 50 %, des cas bilatéraux, et il existe une association forte avec les anévrysmes de l’aorte abdominale qui sont concomitants dans 40 % des AAP.
Les facteurs de risque sont le tabagisme, l’âge (rare avant 65 ans), les antécédents familiaux et le sexe masculin.
La plupart des AAP se manifestent à un stade avancé. En effet seulement moins de la moitié sont découverts au stade asymptomatique. Les symptômes sont secondaires au thrombus qui se forme dans l’anévrysme et à l’embolisation distale qu’il entraine ou à la compression des structures adjacentes par l’anévrysme (quand il est volumineux) :
– Ischémie aigue ou critique du membre, secondaire à la thrombose du sac anévrysmal ou l’embolisation distale. C’est une complication grave qui peut entrainer l’amputation du membre.
– Ischémie chronique : claudication ou douleurs du mollet à l’effort ou dans un stade avancé, nécroses d’orteils
– Rupture (rare mais grave)
– Compressions veineuses ou nerveuses (en cas de volumineux anévrysmes)
QUELLES EXPLORATIONS ? QUELS EXAMENS ?
Le diagnostic repose sur l’examen clinique. La palpation du creux poplité peut mettre en évidence une tuméfaction battante. Néanmoins, l’absence de masse avec un pouls poplité trop bien perçu doit attirer l’attention.
L’échographie doppler (ED) confirme le diagnostic. Elle permet de mesurer le diamètre de l’anévrysme et son étendue, l’existence ou non d’un thrombus mural et évalue le réseau artériel d’amont et d’aval.
L’angioscanner permet de faire le diagnostic d’anévrysme poplité, mais du fait des calcifications fréquentes au niveau des artères jambières, cet examen est souvent peu contributif pour adapter la stratégie thérapeutique. L’artériographie conventionnelle ou l’angiographie par résonance magnétique (ARM) sont essentielles pour préciser l’état du lit artériel, compte tenu de la fréquence des embolies artérielles jambières.
Figure 4: Scanner. Aspect d’anévrysme poplité en bissac d’après [1].
Figure 5: Scanner. AAP étendus sus- et sous-articulaires d’après [1]
Figure 6: artériographie d’après [8]
Figure 7: artériographie d’après [33]
QUEL TRAITEMENT ? QUELLE PRISE EN CHARGE ?
L’objectif principal du traitement des anévrysmes poplités est de prévenir la détérioration du lit d’aval due à la thrombo-embolisation, ainsi que la survenue d’une ischémie aiguë par thrombose du sac anévrysmal.
C’est le chirurgien vasculaire qui décidera de la technique la plus adaptée pour traiter l’anévrysme.
Le traitement des AAP est indiqué :
– pour tous patients symptomatiques ;
– pour les AAP asymptomatiques et ayant un diamètre supérieur ou égal à 2 cm
– en cas de détérioration du lit artériel d’aval.
Aujourd’hui, le traitement de référence des AAP est l’exclusion pontage en GVS.
Figure 8 : Exclusion pontage en GVS d’après [1].
1. Hiatus tendineux des adducteurs
2. artère poplitée
3. arcade tendineuse de muscle soléaire.
Un traitement endovasculaire par stent couvert est possible, il est moins invasif mais a montré de moins bons résultats à long terme, cette technique est plutot réservée aux patients fragiles ou à haut risque chirurgical.
QUELLE SURVEILLANCE ?
En cas d’intervention, le patient est revu à un mois pour vérifier l’efficacité du traitement et les cicatrices puis tous les ans.
En cas de surveillance sans intervention, un doppler est réalisé tous les 6 mois afin de suivre l’évolution du diamètre de l’anévrysme et les symptomes du patient.
Dans tous les cas un traitement par un ou deux antiagrégants plaquettaires (Aspirine ou Clodipogrel) sera instauré à vie.