Même si la plupart des interventions sur les veines sont « bénignes », ce document précise les complications éventuelles, et vous donne quelques conseils pour éviter une rechute et savoir quand consulter.
1 – Quelques mots sur les varices
Les varices des membres inférieurs sont une affection très fréquente, liée à une déficience de la paroi veineuse qui conduit à une incompétence des valvules, le sang ne circulant plus de haut en bas mais de bas en haut.
Il s’agit en règle d’une maladie bénigne, qui peut se compliquer d’une gène esthétique, de douleurs ou de lourdeurs de jambe, de pigmentation ou de varicosités, rarement d’ulcères ou de phlébites superficielles.
Ses conséquences sont appréciées par l’examen clinique et par l’échographie-doppler, et plusieurs traitements sont possibles : port d’une contention, médicaments veinotoniques, scléroses (injection d’un produit pour occlure la veine), ou chirurgie. La chirurgie peut porter sur les veines superficielles principales (saphène interne ou externe), liées ou retirées entre 2 incisions (stripping) ou sur leurs branches (phlébectomies).
Dans tous les cas, avant d’envisager une intervention chirurgicale, il est impératif de consulter votre médecin qui après un examen clinique vous orientera vers un médecin spécialiste (angiologue, phlébologue) pour la réalisation d’un examen écho-doppler. La chirurgie n’est proposée que lorsqu’il existe une incontinence du réseau veineux superficiel (veines saphènes, veines perforantes). Lorsqu’une intervention chirurgicale n’est pas nécessaire, il est recommandé de respecter des conseils d’hygiène de vie (pratique régulière de sports, marche, perte de poids), de porter une contention élastique (bas à varice) et de se soumettre à une surveillance phlébologique régulière. La crénothérapie (cures termales) et les médicaments veinotoniques sont considérés comme des traitements d’appoint, utiles, mais n’agissant pas directement sur la maladie variqueuse. La sclérothérapie est indiquée sur des varices de petit calibre, lorsqu’il n’existe pas d’incontinence des saphènes ou après l’intervention pour traiter les varices résiduelles.
Lorsque une chirurgie est indiquée, vous devez en connaître les risques encourus normalement prévisibles et les suites de l’intervention pour prendre une décision en toute connaissance de cause : ils vous sont expliqués lors de la consultation pré-opératoire avec votre chirurgien.
Selon le type de chirurgie, diverses modalités d’anesthésie (locale, loco-régionale, générale, bloc plexique) sont possibles : elles vous seront expliquées lors de la consultation d’anesthésie pré-opératoire où sera décidé le type d’anesthésie le plus adapté à votre cas.
2 – Quelles sont les modalités de l’intervention chirurgicale?
Le principe de l’intervention la plus souvent réalisée consiste à ligaturer les veines incontinentes (crossectomies) et à enlever la veine saphène (stripping) ainsi que les paquets variqueux (phlébectomies). L’intervention est adaptée à chaque cas en fonction des résultats de l’examen écho-doppler.
En règle générale, une incision (3-4 cm) est effectuée dans le pli de l’aine pour ligaturer la crosse de la veine grande saphène. Un guide souple est ensuite introduit dans la veine sur toute sa longueur, par une mini-incision à la cheville, et va en permettre l’extraction dans sa totalité. L’intervention est complétée, si besoin, par l’ablation des paquets variqueux grâce à des mini-incisions. Les incisions sont refermées par du fil résorbable, invisible, et des pansements adhésifs. Les bandes ou les bas à varices sont mises en place immédiatement, en fin d’intervention.
La durée d’hospitalisation varie de 24 à 48 h. Dans certains cas prédéfinis au cours de la consultation, cette chirurgie peut être réalisée en » ambulatoire » avec retour à domicile le soir même de l’intervention.
Les soins postopératoires (8 jours) sont effectués par une infirmière à domicile: éventuels pansements des incisions chirurgicales, injection sous-cutanée d’un traitement anticoagulant (prévention des phlébites). Une feuille de conseils vous sera remise à votre sortie de l’hôpital. La durée prévisible de l’arrêt de travail est de 2 à 4 semaines.
3 – Quels sont les incidents et accidents possibles au cours de l’intervention?
En dépit de tout le soin apporté, il peut se produire au cours de l’intervention, dans de rares cas, des incidents qui sont pour la plupart aussitôt identifiés et traités.
Il peut s’agir de:
– Plaies des vaisseaux de voisinage (artère et veines fémorales ou poplitées), responsables d’hémorragies. Il est toutefois exceptionnel qu’une transfusion de produits sanguins soit nécessaire. Ce risque hémorragique est plus important en cas de chirurgie pour récidive de varices.
– Lésions nerveuses : Il s’agit de la blessure des nerfs sensitifs saphènes satellites des veines, responsable de fourmillements, de décharges électriques et de zones d’insensibilité dans les territoires de ces nerfs. Aucune technique chirurgicale ne permet d’éviter totalement ces lésions. La plupart du temps, ces phénomènes disparaissent en 3 à 8 semaines, mais dans certains cas, ils peuvent être définitifs et entraîner un préjudice notable. Exceptionnellement ont été rapporté des plaies accidentelles de nerfs moteurs.
– Accidents d’anesthésie : Ils sont exceptionnels. Une information spécifique vous sera délivrée au cours de la consultation préopératoire.
4 – Après l’opération …
- reprendre une activité progressivement normale : marcher, sans piétiner. Éviter cependant les activités sportives et les voyages prolongés pendant 3 semaines.
- douche autorisée à partir du 4° jour. Attendre 15 jours pour les bains.
- Une contention élastique est à appliquer pendant 2 à 4 semaines (bandes, bas, collants, chaussettes), ce qui permettra d’éviter un discret gonflement de vos jambes. Vous pouvez la quitter la nuit, mais il est conseillé de surélever les pieds du lit.
- les fils de suture, placés sous la peau, sont le plus souvent résorbables. Si le fil qui dépasse de la peau ne tombe pas de lui-même après 15 jours, le faire couper au ras de la peau par une infirmière ou votre médecin. Sur toutes les microincisions, des steristrips ont été mis en place : ils doivent être conservés pendant 8 jours, et, si l’un d’entre eux tombait pendant ce délai, vous devez le remplacer par ceux qui vous ont été prescrits.
- la survenue d’hématomes est inéluctable, mais ils peuvent être limités par le repos et le port rigoureux des bas à varices pendant le mois qui suit l’intervention. Ils disparaissent spontanément en 3 à 4 semaines. Dans le cas exceptionnel d’hématome important et évolutif au niveau de l’aine, il peut être nécessaire de réintervenir chirurgicalement.
- des douleurs peuvent survenir dans les 8 à 10 jours qui suivent l’intervention : il peut s’agir d’ecchymoses qui vont se résorber spontanément en quelques jours, ou de douleurs le long d’ un cordon veineux, ce qui représente un processus de guérison. Ces douleurs sont habituellement calmées par les antalgiques qui vous ont été prescrits, et peuvent nécessiter l’application de pommade anti-inflammatoire.
- une infection au niveau d’une cicatrice est toujours possible. En cas de douleur, rougeur, inflammation, écoulement qui vous inquiéterait, contactez rapidement votre médecin traitant ou votre chirurgien.
- des troubles de sensibilité sur des zones de peau à proximité des cicatrices sont possibles. Ils sont liés à la proximité de filets nerveux des veines qui ont été retirées et sont plus fréquents en cas de chirurgie de reprise. Ils s’atténuent le plus souvent en quelques semaines.
- une phlébite, qui fait courir le risque d’embolie pulmonaire, est une complication rare de la chirurgie (environ 2/1000). Sa prévention peut nécessiter la prescription d’anticoagulants. La survenue d’une douleur du mollet ou d’un fébricule doit vous amener à contacter rapidement votre médecin.
- une consultation post-opératoire avec votre chirugien est souhaitable pour apprécier le résultat et vous conseiller pour l’avenir. Il est en effet, impératif que vous soyez surveillé(e) régulièrement après l’intervention.
- la survenue de varicosités ou la persistance de varices après l’intervention justifie que vous consultiez votre phlébologue dans 2 mois: il vous conseillera sur les précautions à prendre, appréciera la nécessité d’un traitement complémentaire (sclérose), et fixera avec vous les modalités de la surveillance pour éviter la survenue de nouvelles varices.
- les cicatrices s’effacent habituellement entre 6 mois et un an. Rarement, elles peuvent devenir hypertrophiques et pigmentées : il s’agit le plus souvent d’une prédisposition ou d’une exposition solaire trop précoce.